Exit
Exit
Je l'aperçois déjà entrouverte . Elle m'attend, elle m'attire toujours plus fort à chaque pas que je fais, comme dans un champ gravitationnel irréductible. Aujourd'hui l'actualité, agissant telle une longue vue, m'en a rapproché brutalement. Elle est là, .….la porte de sortie ! Déjà, …. mais je n'ai pas fini ! Mais fini quoi au fait ? Finir de comprendre ce que personne ne comprendra jamais. Rechercher le pied de l'arc en ciel de la Vérité, inatteignable . Trouver la raison de notre passage. Combler ce puits d'amour. Trouver la loi universelle gouvernant l'univers. Construire l'Humanité. N'étais-je pas là pour çà ? Le temps passe si vite, surtout en futilité ! Ulysse a refusé l’éternité et la jeunesse offertes par Calypso, mais quand bien même, le ressort de la vie lui aurait échappé, et il a préféré rechercher, comme tout humain le fera, encore et encore, sa place dans le cosmos. Mais comment apprécier l'utilité de sa vie alors que l'on dit que personne est irremplaçable ? La porte se refermera et le monde continuera, ni mieux ni moins bien. Biensûr l'attachement que nous avons pour les proches, en particulier, suscitera de la peine pour eux. Un lien se brise et ils reconnaitront alors, un peu tardivement parfois, qu'il s'agissait d'un parachute. Biensûr les prouesses de nos vies seront reconnues ; il en existe toujours car le rocher que nous poussons sur la pente de l'inconnu ne redévale pas inexorablement la même pente. Peut-être avons-nous prêcher dans le désert mais que dorénavant les mots autrefois prononcés deviendront miraculeusement audibles par la force de la mort. Celle-ci n'est peut-être pas seulement que la fin d'une existence organique. C'est peut-être le moyen de l'éternité de la pensée. C'est peut-être celà qui soulage le sortant ! Et pourtant quelle impression de vertige devant elle ! On ressent plus le néant qu'une éternité promise. Montaigne proposait que l'on s'y prépare, il faudrait déjà qu'elle ne soit pas un déni.