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Le coin philo de PG
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  • Diverses réflexions à caractère philosophique de la part d'un non-philosophe, et qui ne sont pas des leçons ! Ce blog de Patrice GOEURIOT contient des textes originaux sur le thème de la philosophie qui demandent l'autorisation de l'auteur pour être cités.
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Avis de décès

Avis de décès


Après 73 ans de bons et loyaux services, je crois, je viens de recevoir mon certificat de décès. Certes mes fonctions vitales fonctionnement tant bien que mal et pourtant me voilà mort. Le fameux virus n’y est pour rien, quoique…. ! L’histoire retiendra de cette époque de pandémie, peut-être moins le nombre de morts manifestement plus faible que celui dû au cancer, que le révélateur qu’il fût de l’état de notre société. C ‘est là que commence l’inutilité des propos qui vont suivre car émis par un vieux. Un vieux qui obligerait les plus jeunes à de durs sacrifices pour que lui ne soit pas victime de la pandémie. Un vieux qui, déphasé avec son temps, ferait penser à certains qu’il serait peut-être bons de lui supprimer son droit de vote car il ne pourrait avoir que des propos conservateurs voire réactionnaires. Mais cela ne va pas tarir l’encre de mon stylo afin d’écrire ces mots d’outre-tombe !
Objectivement la Covid 19 est en train de faire de nombreuses et diverses victimes : les morts bien sûr, les handicapés suite aux conséquences de la maladie, et puis tout un tas de catégories sociales qui, tels les fantassins de 1 ière ligne, encaissent des rafales de difficultés allant de la ruine probable à la faim. Tous ces survivants peuvent développer de réels problèmes psychologiques qui vont les plomber pour longtemps et l’on doit s’en inquiéter. Eux luttent pour leur survie, ils sont nombreux certes mais ils ne représentent pas la majorité. Le risque serait de faire une globalisation de cet état psychologique. Pourtant c’est ce que fait une pléiade de psychologues sur les plateaux de télévision analysant les états d’âme recueillis ici et là par les médias. La détresse authentique des restaurateurs, par exemple, est largement supplantée par celle de l’étudiant n’en pouvant plus de ne pas pouvoir faire la fête, du sportif ne pouvant plus rejoindre sa salle de sport, ou cette infernale difficulté de ne pouvoir glisser sur une pente de neige bien damée. Quoi de plus pénible que de devoir différer ses envies, alors que la dictature de l’instantané avait forgé patiemment les esprits à l’impatience. On nous explique donc que quelques semaines ou mois sans fête va ruiner le développement psychique de la jeunesse, que c’est une génération sacrifiée. Bien sûr que c’est dur de ne pouvoir rencontrer ses parents, ses enfants, ses amis pour un temps de durée inconnu, de s’inquiéter d’un futur incertain, mais qu’en est-il du bien commun ?
Le virus met au centre le principe d’incertitude alors que nous pensions dormir paisiblement sur la certitude de notre pouvoir, de nos besoins souvent futiles. Par conséquent la réponse n’est pas univoque, elle est, elle aussi, incertaine et probabiliste ; il ne peut en être autrement. Alors on accuse, on exige. Avant même de glorifier ceux qui, dans un temps record, ont mis au point un vaccin, on revendique le sien plus rapidement. Hier on militait justement contre le racisme, aujourd’hui on garde les doses pour nous, l’Afrique : on verra plus tard ! On vilipende le monde d’avant et on espère un monde d’après différent, mais on va le fabriquer avec nos vieilles turpitudes qui ne peuvent s’abandonner par un simple claquement de doigts. C’est dur, mais est-ce insupportable d’apprendre seul devant son ordinateur ? Le penser, c’est faire injure à la mémoire de ceux, du même âge, que l’on envoyait au casse-pipe à chaque génération ou presque. Parmi ceux qui s’en sont sortis, un traumatisme quasi incurable est né d’avoir croisé l’enfer, le vrai. Alors cette Covid 19 n’est-elle pas la révélation d’une fragilité psychique ? N’est-on plus capable devant l’adversité d’aller vers l’essentiel en reconnaissant la futilité de désirs égoïstes. L’hédonisme a-t’il fait croire que les contraintes étaient d’un autre monde : plus de « surmoi » limitant son « ça » ; le graal, donc l’indispensable, étant de prendre la pente dans le sens le plus enivrant en laissant de côté les portes du slalom contraint ? Le lien social tenu et fragilisé par la pandémie n’a pas pour objet la satisfaction dans sa jouissance mais il est de créer une société d’individus interconnectés qui va pouvoir mieux
protéger chacun. Dans le cadre de l’évolution c’est le lien social qui a permis à l’Homme de braver les obstacles à son existence. Ne pas savoir souffrir pour que le Phoenix renaisse de ses cendres, est au sens propre : inhumain. La norme de l’Homme moderne que l’on veut nous imposer rejette cette souffrance même si elle aurait pu au final nous sauver. Moins de 10% de français fréquentent les salles de sport et pas plus les remontées mécaniques à la montagne or, sur la base de leurs témoignages, on nous fait penser, aidé par nos propres inquiétudes, qu’une majorité est dans une détresse psychologique à cause du virus……
Si c’est tout cela la vision moderne de l’Humanité, alors oui, pour elle : je suis mort !

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