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Le coin philo de PG
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  • Diverses réflexions à caractère philosophique de la part d'un non-philosophe, et qui ne sont pas des leçons ! Ce blog de Patrice GOEURIOT contient des textes originaux sur le thème de la philosophie qui demandent l'autorisation de l'auteur pour être cités.
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Écologie

Écologie
Voici certainement un mot le plus utilisé aujourd'hui : écologie. On pourrait penser qu'il soit donc fédérateur - il devrait l'être-, en fait il est avant tout clivant. Le plus surprenant est que ce clivage est orchestré par ceux se disant avant tout écologistes : car il s'agit primordialement d'un conflit philosophique à propos de la place de l’Homme dans l'univers et qu'il n'est pas résolu par les écologistes à cause d'une radicalisation des positions.
Se heurtent en effet deux conceptions de la place de l’Homme dans l'univers. Celle des radicaux, tenant de la « Deep ecology », qui ne font de l'Homme qu'une part d'un tout Nature et de l'autre les environnementalistes qui ont une vision anthropocentrique de la place de l'Homme avec l'héritage du Déluge selon Noé. Diamétralement opposées ces deux conceptions de la place de l’Homme sont une barrière de potentiel empêchant une action, pourtant indispensable, pour garder un monde vivable. Les écologistes politiques creusent donc une tombe à l'insu de leur plein gré !....
Le débat relève de la tragédie grecque car les arguments des uns et des autres sont recevables mais irréconciliables. Recevables car effectivement l'Homme vient du Tout, mais aussi parce que son évolution en a fait un élément singulier capable d'histoire et d'intervenir sur le cours des choses contrairement à tous les autres êtres vivants. Le tord des uns et des autres arrive maintenant. Les radicaux ne reconnaissent pas la singularité de l'Homme, les autres traduisent cette singularité par une place centrale. Rejeter l'Homme prométhéen ou donner à l'Homme la Nature en pâture, ne sont pas acceptables car qu'en serait-il de l'importance de l'Humanité pour l’univers d'une part et d'autre part l'hégémonie de l'Homme sur la Nature n'est pas tenable sachant qu'hégémonie serait synonyme de profit pour certains qui utiliseraient leur génie à la nuisance plutôt qu'à la jouissance équilibrée de celle-ci.
Il n'est évidemment pas acceptable de penser l'Homme comme une nuisance de la Nature . Et, le vol de l'intelligence à Athéna pour l'offrir à l'Homme n'est en fait que pour l'aider à trouver sa place- la vie bonne d'Homère et le « Connais toi toi-même, rien de trop » du temple de Delphes. La culture judéo-chrétienne a entretenu longtemps un anthropocentrisme coupable, mais les choses évoluent. Vingt siècles de matraquage ont ancré chez le croyant une illusoire place centrale dans la Création. Il y eu fort à faire pour les sortir de leur croyance sur leur origine suite à la révélation darwinienne de l'évolution au point que certains encore ont des doutes, mais le bon chemin est pris tout de même. Maintenant il s'agit de se sortir du prisme centré sur la personne - image de Dieu- à qui l'on suggère un chemin en vue d'une vie éternelle, pour une prise de conscience que cette personne doit être considérée, non pas seulement en individu, mais un être lié à un système. C'est l'objet d'un texte pastoral du pape François « Laudato si ». Cette reconnaissance que l'on ne peut pas isoler l'individu est fondamentale et est reprise par Jean Philippe Pierron : « c'est penser ensemble l'autonomie et la conscience de nos appartenances ».
La version écologiste de la liberté prométhéenne : l'Homme n'est que perturbateur de la Nature et donc il est nécessaire de l'enkyster dans celle-ci (voir l'avènement des sanctuaires naturels par ex.), et la version biblique : Dieu voulant se faire pardonner son excès de violence du Déluge, négocie l'emprise de l'Homme sur la Nature ; ces deux versions s'évanouissent devant celle étant capable de retenir la singularité humaine indéfectiblement liée à une matrice.
La remise en cause papale (avec la mise entre parenthèses d'un récit biblique) est considérable et sera mieux appréciée des non-croyants que des croyants qui devront gommer les certitudes qu'ils avaient précédemment. Mais un chemin est pris ; certes il y aurait urgence qui ne serait pas compatible avec l'évolution lente des consciences, mais ce n'est pour cela qu'il faut verser dans l'intégrisme écologique tel qu'on nous le propose. L'écologie est une science avant d'être une politique. L'Homme est un paramètre de cette science étudiée et donc il doit assumer sa part de responsabilité d'acteur reconnu désormais en bijection réciproque avec l'univers dont il est alors indispensable, car l'Homme est nécessaire à l'univers, pour que celui-ci ne soit pas seulement une minéralité avec quelques molécules organiques.

 

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