Canalblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le coin philo de PG
Le coin philo de PG
  • Diverses réflexions à caractère philosophique de la part d'un non-philosophe, et qui ne sont pas des leçons ! Ce blog de Patrice GOEURIOT contient des textes originaux sur le thème de la philosophie qui demandent l'autorisation de l'auteur pour être cités.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 379

Du réchauffement climatique à la question existentielle

Du réchauffement climatique à la question existentielle
Nous sommes en alerte rouge, les inondations d’informations concernant notre climat déboulent sans arrêt dans tous les médias, les niveaux sonore et visuel de la catastrophe annoncée sont au plus haut depuis dix ans. J’ai peur de me noyer ! …..Alors, soyons fou à la manière de Descartes et poussons le doute à « l’hyperbole », car on peut se demander quelle conjoncture impose cet affolement médiatique ; comme l’ophtalmologiste qui dirait à son patient aveugle : « Vous voyez, il faut faire quelque chose ».Analysons !
Les observations sont là, la terre connait une période de température accrue par rapport à celle du début de XX ième siècle, personne nie cette observation. Si cela devait se poursuivre, voir s’amplifier, les conséquences seraient loin d’être négligeables. La sagesse pousse donc à savoir les origines de cette évolution de température dans le but évident d’y remédier au cas où un levier pourrait être actionné. Quoi de plus humaniste que cette démarche et chacun peut s’y retrouver.
Le climat est la résultante de nombreux paramètres qui peuvent entrer d’ailleurs en synergie et la terre a subi de nombreuses évolutions climatiques dont celle qui a permis à l’homme d’apparaitre et de se développer en « moyenne » pour être plus exact (des extinctions ont été favorisées par les conséquences indirectes d’un refroidissement , voir l’homme de Neandertal). Parmi ces paramètres il serait injuste que l’homme s’exempte de son rôle. C’est là que le problème du réchauffement climatique va s’ouvrir sur un problème philosophique et sur une divergence fondamentale de l’idée que l’on peut avoir de la relation Homme-Nature. Car, plus que les conséquences de quelques degrés de plus pour lesquels l’humanité grâce à son génie trouvera un nouvel équilibre, il s’agit fondamentalement de savoir où placer l’homme dans la nature. Le matraquage dont on parlait plus haut, un procès quasi stalinien imposé à un journaliste d’un pays démocratique( !) qui voulait émettre une différence, montrent la volonté d’une pensée unique que le politiquement correct n’ose plus affronté et pour laquelle Descartes aurait ainsi été heureux d’être pris pour un fou en émettant un doute.
En quoi tout d’abord peut-on s’inquiéter ? Il serait mensonger de nier les observations inquiétantes comme la fonte de la banquise ou l’acidification des océans. Il serait mensonger de nier des actions humaines irresponsables comme l’excessive exploitation des forêts équatoriales ou la surpêche pour ne donner que ces exemples auxquels on pourrait ajouter une consommation effrénée qui est devenue le symbole du bien-être dans les pays riches et l’espérance pour les autres. Mais au fait, pourquoi le smartphone serait-il moins indispensable que les autres biens de consommation, les bien-pensants en sont équipés sans souci de savoir qu’ils occasionnent une réelle exploitation pour s’alimenter en métaux rares nécessaires à leur fabrication ? Au-delà du problème du climat, le vrai humanisme est dans le souci de l’équilibre, du non gaspillage.
L’idée de la faute de l’homme dans le réchauffement climatique ne provient pas d’une démonstration mais d’un syllogisme :
 Le gaz carbonique qui s’accumule conduit à l’élévation de température de la terre (proposition vraie)
 L’homme est responsable de l’augmentation du CO2 compte-tenu de son mode de vie (ce qui est intrinsèquement vrai)
 L’homme est donc responsable de l’élévation de température observée.
Peut-être, mais pas sûr ! Au cas où, doit-on s’ingénier de trouver des solutions ? Bien évidemment que oui ! Doit-on mettre l’homme en accusation et l’opposer à la nature bienveillante ? Là est la vraie question !
Les écologies prennent naissance dans la mythologie persane ou l’ancien testament selon que l’on pense que Deucalion ou Noé marque de leur empreinte le rapport de l’homme à la nature pour le reste des temps, suite au Déluge. Noé reçu de Dieu la nature en cadeau à la seule restriction de ne pas manger de chair avec son âme, le sang. Pendant plus de vingt siècles, la culture judéo-chrétienne a éteint le mythe perse en encourageant l’anthropocentrisme. Il faut attendre la fin du XX e siècle (James Lovelock) pour observer la résurgence du mythe de Gaïa (la Terre) avec en corollaire la nature qui acquerrait le statut de sujet de droit et non plus d’objet de droit : selon la vision de la « deep ecology » ; l’homme serait supplanté par la planète en tant que sujet de droit, tout un programme, toute une philosophie. Les descendants philosophiques de Noé, les « shallow ecologists » pensent que la planète n’est que l’environnement c’est-à-dire la périphérie d’un centre ; tandis que les « deep ecologits » descendant de Deucalion imposent la planète à la place de l’humanité en tant que sujet de droit. Voilà tous les ingrédients pour avoir une littérale tragédie grecque avec ici l’opposition de deux opinions qui, chacune, ont une légitimité.
Les environnementalistes d’un côté les écologistes radicaux de l’autre, quels sont leurs moyens de faire prévaloir leurs inquiétudes ? Pour les premiers, il s’agit de faire prendre conscience du rôle fondamental que représente notre environnement afin de préserver le futur de l’humanité : ce sont des réformistes. Les seconds se revendiquent révolutionnaires d’ailleurs issus dans leur grande majorité d’un anticapitalisme qui fera dire à l’un d’entre eux : Alain Lipietz, qu’il était un vert venant du rouge. Leur combat qu’ils n’ont pas gagné en remettant en cause l’économie, ils l’abordent donc maintenant sous l’angle de l’écologie. Il faut rompre avec le modèle actuel, il faut changer de paradigme. Même Rowe, avec d’autres, remet en cause la Déclaration universelle des droits de l’Homme qu’il considère « «homocentriste ». A cette position qui place la Terre en tant que sujet de droit à la place de l’humanité, les écologistes radicaux (voir Les cahiers de Greenpace,1979) vont pousser le bouchon un peu plus loin et de dire que finalement l’humanité est un handicap pour la nature !....A l’instar de W. Aiker par exemple et même du commandant Cousteau, la démographie humaine est le risque majeur à notre planète et « ce serait le devoir de l’espèce vis-à-vis de notre milieu d’éliminer 90% de nos effectifs »…
Et quel est le moyen pour faire valoir la suprématie de la Terre sur l’homme : la peur. Hans Jonas (le principe de responsabilité) dit clairement qu’il faut s’adosser sur la peur (« l’heuristique de la peur ») pour établir une nouvelle éthique de responsabilité.
A la lumière de cette petite étude balancée entre différentes positions, ne peut-on pas légitimement nourrir un doute « cartésien » sur ce que l’on entend obsessionnellement : droit des animaux, catastrophe climatique…..Le véritable but des radicaux est-il écologique ou politique ? Il est à remarquer que, depuis quelques décennies, la mode est à la contrition permanente, il faut obtenir de l’homme qu’il reconnaisse sa mauvaise conscience et que comme Pyrrha et Deucalion, jettent derrière eux des cailloux qui tombant sur la Terre deviendront les femmes et les hommes de la nouvelle humanité vierge et pure.
Quoiqu’il en soit nous devons, il me semble, ne rien faire qui puisse contrarier le génie humain à se développer afin que l’humanité secouée entre harmonie et chaos continue son évolution dans un environnement qui devra être toujours accueillant pour elle.

Publicité
Publicité
Publicité