Plaidoyer pour l'amour

Plaidoyer pour l’Amour
Quand on regarde le monde, le plus près de nous comme le plus éloigné, on constate qu’il ne « tourne » pas toujours très rond ! Ce constat se fait à l’aide d’une fatalité inconsciente qui nous empêche d’y trouver remède. Toutefois, pour certains ou parfois, on ressent le nécessaire cheminement vers quelque chose, histoire peut-être de se rassurer sur l’existence. Il est ainsi possible de développer une spiritualité qui peut avoir deux sources possibles. L’une religieuse donc issue d’une foi éclairée par Dieu ; l’autre laïque ou plutôt philosophique à l’instar, partiellement, de Nemrod qui 18 siècles avant JC juste après le Déluge selon la mythologie perse, pensait que l’Homme était capable, seul, de trouver des solutions sans que Dieu ne soit un recourt. Mais, l’une et l’autre de ces spiritualités conduisent, en particulier, à un même carrefour : celui de l’Amour. Chacune d’elles nous montre qu’il existe une huile essentielle aux rouages des relations humaines et qu’il s’agit de l’Amour. Celui-ci coule de source pour ceux qui ont la foi puisqu’il s’agit d’un sous-ensemble de l’Amour en Dieu comme le disait Saint Augustin. Pour tous les autres, pour ceux qui n’ont pas rencontré la foi, le théorème de l’Amour doit être démontré pour qu’il puisse s’appliquer.
L’Amour va nous apporter entre-autre une chose fondamentale : la confiance. Dire « je t’aime » ou « j’ai confiance en toi » c’est la même chose. Mais pour quelle raison donner sa confiance ? Si celle-ci est donnée par essence même pour ceux qui ont la foi, la question est pertinente pour ceux qui ne l’ont pas. Pour accéder à la capacité de donner sa confiance, même dans des cas peu favorables à cet exercice, il convient de s’éclairer sur l’Homme, sinon on reste sur des positions de principes généraux qui emmènent vers des situations sclérosées. Cela fait 35 siècles que l’Homme s’interroge sur lui-même et l’homme « prométhéen » de la mythologie grecque livre une première clé : sa liberté, volée à Athéna la déesse des arts et de l’intelligence par là-même (thème explicité par Pic de la Mirandole à la fin du xv ième siècle). Cette liberté donnée va organiser la gestion de deux mondes contradictoires que nous avons en nous : l’harmonie cosmique et le chaos d’où sort chaque chose de l’univers, ou bien dit autrement l’organisation parfaite et le flou chaotique (l’apeiron comme l’appelait les grecs antiques), le déterminé et l’indéterminé, le cristal et le flux vitreux, le monde de la représentation (de la quotidienneté) et celui de la Volonté1 selon Schopenhauer et Nietzsche. Savoir que nous sommes, nous les humains, harmonie et chaos tout à la fois dans tous les actes que nous commettons- sans exception- va aider à appréhender l’humanité et ses comportements. Donc il n’y a pas d’ombre sans lumière ! La « Vérité » est une sphère dont on ne peut appréhender l’ensemble de la surface en un clin d’oeil, la vérité sur l’autre est analogue à cette sphère ; et si à un moment donné on ne voit que de l’ombre, on sait aussi désormais que l’autre doit être lumière quelque part. De cette connaissance de l’Homme découle naturellement que l’on peut lui assurer sa confiance même si parfois il ne la mérite pas dans l’instant, à cause d’actes chaotiques ; et que l’on peut aussi lui accorder un pardon malgré ces actes.
Cette confiance doit être d’abord mise à disposition pour soi-même. Il n’est rien de narcissique et de « nombrilique » que de reconnaitre que l’on est tout à la fois capable et incapable dès lors que ses capacités sont mises au service de la communauté humaine et non pas de s’enorgueillir ou de se lamenter. C’est aussi la confiance que l’on doit à ceux qui ont dit avoir donné leur amour, mais pas que ! Chacun construit son chemin de conscience avec une certaine dispersion des résultats pour son
(1) « Volonté » ne doit pas être pris dans le sens habituel que l’on donne au mot « volonté », il
s’agit de Forces qui jaillissent d’un magma insondable.
efficacité. Certes on ne peut voir sur cette trajectoire que les points négatifs et se faire une idée étroite de l’autre, alors que l’important serait de remarquer la pente de ce chemin qui tend à vaincre le gradient d’imperfection de nos existences. Pour ne pas se dénigrer ni dénigrer les autres il faut être conscient de ce dont l’Homme est fait et la graine de l’Amour pourra alors germer pour réduire les frictions quasi mécaniques qui bloquent le système humain. Il ne faut pas être naïf, l’Amour ne diluera jamais l’harmonie et le chaos dont l’homme est façonné inéluctablement et malgré une volonté positive de voir la lumière, à un moment ou à un autre, des éléments chaotiques sortiront de notre tréfonds (du monde de la Volonté) pour venir dégrader des relations intra-humaines. Personne ne peut rien contre cette impuissance fondamentale, mais les efforts de chacun pour trouver et dispenser de l’Amour doit aider l’Humanité à limiter ses « auto-déchirements ». L’Homme-adulte, en subordonnant ses principes de convictions par des principes de responsabilité et en enrobant le tout d’un manteau d’Amour, peut permettre, à son échelle, une évolution sereine de l’Humanité sur la route qui reste infinie de la perfection.