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Le coin philo de PG
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  • Diverses réflexions à caractère philosophique de la part d'un non-philosophe, et qui ne sont pas des leçons ! Ce blog de Patrice GOEURIOT contient des textes originaux sur le thème de la philosophie qui demandent l'autorisation de l'auteur pour être cités.
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Dieu est-il une nécessité ?

Dieu est il une nécessité ?
Nécessité peut prendre deux sens. Le premier : Dieu est la seule solution à l'équation de l'univers, le second : Dieu est un besoin impérieux pour trouver du sens et être rassuré. Voltaire, agnostique réfléchi, prône tout de même l'existence d'un Grand Architecte, idée reprise par les révolutionnaires eux-mêmes avec l'Etre Suprême. Quant à Nietzsche, il balaie du revers de la main cette question par son nihilisme : pour la recherche de son « grand style » l'Homme n'a nullement besoin d'une référence divine.
À travers les âges comment s'est développée la notion du divin en occident ?
Il est très difficile de savoir quand est né ce concept de l'existence de forces supérieures. On peut penser que confronté à de multiples problèmes vitaux pour lui, l'Homme primitif s'est construit une multitude de dieux, initialement par fétichisme. Sa conscience à peine développée de ce qu'il était, il a développé aussi un imaginaire qui comblerait facilement ses interrogations naissantes. L'analyse du comportement animal montre que parfois l'animal peut développer l'angoisse de l'incertitude. On peut penser que chez les hominidés cette angoisse doublée d'une conscience pouvait ne plus être subie inexorablement, mais contrôlée par des explications mystiques.
Des milliers d'années avant la théorie du Bing Bang les grecs ont inventé le Dieu Chaos dompté par un autre Dieu : Zeus, qui crée l'ordre cosmique en rempart au retour du chaos. L'entropie du monde est ainsi régulée par une force supérieure, et pour une bonne organisation ce monde a besoin d'un dieu de la mer, de la musique, de l'intelligence, etc….comme si le Dieu des dieux, Zeus, avait besoin de ministres pour gouverner son royaume. Plus tard tout le débat concernant le Tétragramme des juifs et des noms multiples ( Adonaï, Elohim…..) utilisés pour se référer à Dieu, semble montrer le lent passage du poly au monothéisme à l’instar du pluriel au singulier grammatical utilisés dans les textes religieux hébraïques. Cette concentration du pouvoir divin en un seul Dieu permet une plus facile unification des croyants. N'est-il pas plus aisé de n'avoir qu'un seul responsable de nos existences ? En fait il s'agit d'une intellectualisation de la notion de divin. Des livres sont écrits pour fixer une histoire, prétendue telle. Cette histoire se nourrit de la nécessaire relation qui doit s'établir entre cet exo-individu : Dieu, et l' Homme. Les prophètes vont être ces « taupes » de Dieu qui vont diffuser les informations divines pour orienter, guider les esprits humains. Puis vint Jésus apportant une nouvelle et abstraite notion de Dieu : la Trinité. Dieu se faisant homme par l'intermédiaire de Jésus nous enseigne un tournant dans la notion de Dieu. Il n'y a plus Dieu d’un côté et les Hommes de l'autre. L’Homme serait en fait une part de Dieu, l’Esprit Saint étant là pour le garder comme partie de Dieu en l'aidant à se débarrasser du péché originel qui est le symbole de sa liberté de choix. En croquant la pomme défendue, Adam et Eve ont stimulé le désir, pigment de cet Eden figé à l'instar de l'ordre cosmique de Zeus, et la vie humaine pouvait alors commencer balancée entre harmonie et chaos. Mais dans une partie du monde ce chaos doublé d'un polythéisme ancré, un homme pur, outré de ces extravagances, va devenir le dernier messager de Dieu comme l’auraient prédit les Ecritures. Née dans un environnement rugueux la parole de Dieu retranscrite dans le Coran par Mahomet, ne pouvait être que rigoriste, symbolisée par le mot Islam qui veut dire en arabe, la soumission . Dieu reprend une place de suprématie. Plus de péché originel, Dieu n'a mis que le Bien en chaque être qui doit en passer par Lui pour éviter le Mal sous peine d'enfer.
Pour poursuivre avec l'historicité du fait divin il convient de signaler les conséquences de régimes totalitaires ayant interdit les religions. Est-ce par rébellion à l'interdiction ou bien par nécessité religieuse, en tout état de cause la religion s'est renforcée dans ces pays et a même cristallisé les éléments pour renverser de tels régimes, voir la Pologne.
Est-ce par calcul politique ou par conviction que les rois de France ont inventé la monarchie de droit divin ? Leur légitimité est devenue ainsi incontestable même s'ils ont entraîné leur peuple dans des guerres, religieuses (les croisades) ou pas. La puissance divine fût et est implorée par des régimes (nazi, talibans) peu fréquentables louant une purification ethnique ou religieuse. N'y aurait-il pas là objet à vouloir séparer ce qui pourrait être Dieu et les religions censées servir sa cause? Les religions d' émanation humaine par essence peuvent en effet connaître les vicissitudes liées à l'Homme en dépit de ce qu'elles prêchent. Elles ne sont en rien exemptes d'être ombre et lumière.
Par honnêteté intellectuelle il faut aussi se référer dans l'histoire aux philosophes niant le recours au divin. L'athéisme serait né en Inde 2500 ans avant notre ère et a traversé tous les âges comme un pendant obligé à la notion de divin. Pour certains philosophes les dieux sont reconnus mais sans intervention dans les affaires humaines ce qui conduisit EPICURE dans son Tétrapharmakos à penser que l'on a rien à craindre des dieux. Comme une évidence, si Dieu n'existe pas alors c'est qu'il n'y a Rien et il serait alors absurde de croire à des valeurs fondamentales car l'existence précédant l'essence (JP Sartre), ces valeurs, ce sont les Hommes qui se les créent.
Depuis peu, en corrélation avec l'avènement du retour à la mode du naturalisme - même pour ceux qui ne connaissent pas grand-chose à la Nature - ontologiquement il faudrait mieux dire animisme voire totémisme, et l’abandon d'un Dieu universel peu convaincant, certains pensent pouvoir trouver de l'énergie dans les arbres, les océans, les nuages…..Ce chamanisme retrouvé indique ce besoin pour l'Homme d'une force extérieure pour l'accomplissement de sa vie.
Dostoïevski, bien avant nous…, est obsédé par la question posée en campant deux personnages l'un croyant, l'autre septique aussi cohérent l'un que l'autre et qui lui font écrire : « si Dieu n'existe pas, alors tout est possible ». Cette phrase peut être revendiquée par le croyant ou le septique : il faut bien que Dieu existe sinon ce serait l'anarchie ou bien, puisque Dieu n'existe pas, utilisons notre liberté pour créer le monde.

Que peut-on rationnellement retenir de ce panorama historique (certes incomplet ) de la relation Divin-Homme ? Incontestablement cette relation prend naissance dans le besoin du comblement de l'incertitude qui trouve son paroxysme chez les chrétiens à qui l'on promet - sous conditions- la résurrection après la mort terrestre. Outre la mort, les sources d'incertitude sont nombreuses puisque nous sommes coincés entre les deux infinis pascaliens qui ne pourront jamais être explorés par définition.
Les mythologies et la Bible montrent un inexorable besoin d’histoire pour pouvoir mieux nous situer donc répondre à l'incertitude de notre position.
Nous pouvons donc voir que la notion de divin est récurrente mais pas stable dans le temps. D'analytique au départ, chaque problème trouve sa solution par un dieu particulier, la notion de divin devient synthétique avec l'avènement du dieu multifonctions. Puis vint une rupture avec le christianisme où il y a une intégration de l'Homme à Dieu qui reste omniscient. Dieu apparait donc pour le croyant non comme une nécessité mais comme une évidence et de son point de vue cela change tout. Inspiré par Dieu le chemin pris ne peut être que le bon, le besoin philosophique est illusoire comme le pense Saint Augustin ! A l'intérieur du groupe des croyants tout ceci est cohérent mais qu'en est-il de ceux qui n'ont pas connu leur « Nuit de feu » (1) et qui se donnent des valeurs que ne renieraient pas les croyants ? Le chemin est moins fermé que pour les musulmans mais tout de même, il existe le sentiment de prédestination et le refus de la contingence. Qu'en est-il donc de la vraie liberté et donc quel sens prend l'existence si l'on était déjà placé sur les bons rails ? Dieu nous aurait crée à son image -pourquoi pas- mais alors pourquoi faire ? Quel pouvait être son dessein ? Pas celui d'un berger avec son troupeau de brebis connaissant déjà le chemin de la bergerie ! Le christianisme apparait tel un voyage organisé et ne répond pas à la question du sens. Cette question est adroitement éludée par la référence à la Foi, ticket d'entrée pour le voyage. Faudrait-il donc renoncer à la question du sens pour avoir une chance d'accès à la Foi ? Exclu de la Foi peut-on tout de même développer des valeurs humaines ? Le Bien et le Mal eussent-ils été révélés si Dieu et le Démon n'avaient pas été mis en scène précédemment ? La précieuse expérience maintes fois renouvelée est-elle suffisante pour initier dans notre esprit ce que l'on considérera comme Bien ou Mal ? Bien malin qui peut répondre à ces interrogations sans y avoir mis un brin de subjectivité, sans avoir postulé un axiome préalable. Il est sûr par exemple, que si l'on a postulé que l'Homme sort du Néant et si l'on constate l'existence du Bien et du Mal, c'est que ceux-ci ne peuvent être sortis que de l'esprit humain qui crée donc son essence. La vie serait alors absurde donc sans nécessité de sens.
Nous avons là, certes, une réponse à notre questionnement initial, l'Homme n'a pas besoin d'avoir à se référer à un Dieu pour dérouler sa vie, mais le problème n'est pas résolu entièrement pour autant. Par quel stratégie l'Homme sort-il du Néant ? Par quelle magie, du Rien peut-il engendrer le Tout ? N'y a-t’il pas là quelque chose de surnaturel qui échappe à toute raison ? Argumenter que la vie est absurde semble être plutôt une simple esquive et nous laisse la tête dans le sable.
L'Homme n'est pas le fruit du hasard, il est le résultat de l'application de règles : chimiques, une réaction n'est possible que si elle fait diminuer l'entropie du système ; physiques, forces gravitationnelles, radioactivité….. ; mathématiques, les probabilités entre autre. Mais d'où sortent ces règles ? S'agit-il donc d'un Alpha ?
La théorie du Bing Bang nous dit que l'origine de ce que nous connaissons du monde part d'un Rien (2) qui serait un concentré d'un Tout chaotique, « apeironique » auraient dit les grecs antiques, mais qui était prometteur, et avec un temps qui n'existait pas. Mais un simple « battement d'aile » impromptu aurait déclenché le chronomètre et libéré les potentialités. De manière physico-philosophique ne peut-on pas s'appuyer sur la fameuse équation d'Einstein E=mc2 ? Elle dit que si une particule se déplace à la vitesse de la lumière, alors sa masse est nulle. Il se dégagerait alors deux zones : l'une où tout n'est qu'énergie et où il y aurait Rien, l'autre située en deçà de la vitesse de la lumière où l'énergie deviendrait matière. La physique à ce jour se pose toujours le problème de savoir pourquoi, au cours de cette transformation de l'énergie en matière et antimatière, un résidu de matière se serait conservée au moment du Bing Bang ? Le Bang est le son émis au passage du mur du son, le Bing Bang serait la matière émise lors du passage du mur de la lumière ……..ceci n'est qu'un modèle, faute de mieux !....Ainsi on voit mieux comment une entité hors du temps a pu naître intuitivement dans l'esprit humain. Nous, humains, prisonniers de la notion de temps comment nous imaginer cette traversée du mur de lumière autrement que par un phénomène paranormal ? L'incertitude sur les raisons de la non-annihilation totale matière-antimatière pousse à combler ce vide par la probabilité surnaturelle d'une erreur improbable.
Mais tout ce développement nous rapproche du Dieu architecte de Voltaire mais ne nous dit rien pour le Dieu censeur ou le Dieu amour que les Hommes ont inventés diront les uns, reconnus diront les autres. Force est de constater que des philosophes ont dit que nous devrions être capable de nous passer de Dieu, mais les faits sont là, le peuple globalement a recours à Dieu pour organiser sa vie. Par différents signes il sollicite la Grâce de Dieu sans laquelle il semble démuni. Il y a une impérieuse nécessité de l'existence de Dieu pour certains.
Comme nous venons de le voir les religions n'ont aucun mal à trouver du sens à l'existence de Dieu mais elles ne répondent pas à la question réciproque : quel sens a voulu Dieu en faisant en sorte qu'advienne l'existence humaine ? Certes il peut ne pas y avoir de sens et alors on peut penser la non-existence de Dieu. Peut-être qu'il n'y a pas à rechercher de sens et qu'on fait une erreur inutile en voulant absolument trouver des raisons à l'existence. Mais alors on élude la question de l'origine. Alors doit-on répondre favorablement au pari de Pascal, comme au loto 100% des gagnants ont joué ! La résurrection après la mort comme gros lot, c’est tentant, non ? Mais alors pourquoi avoir fait un Dieu aux allures humaines, capable de colère en déclenchant le Déluge ou d'empathie en envoyant son fils pour montrer le chemin ? En lui prêtant des failles on nourrit la méfiance, tel Nemrod qui n’aura plus confiance dans la promesse de Dieu après son déluge colérique et qui entrepris la construction de la tour de Babylone pour sauver l'humanité d'un nouveau déluge. « Quoi que tu imagines, Dieu est différent de cela » a dit un saint musulman avec une grande sagesse. Peut-être existe-t-il, mais Dieu ne pourra jamais être démontré rationnellement, et son éventuel pilotage de l'esprit humain n'est peut-être qu'une projection utile à notre sérénité. A moins d'être dans la béatitude, les trop nombreuses lacunes ou contraintes qu'induisent les religions ne peuvent pas être éludées et même, elles écornent l'image que l'on pourrait vouloir avoir d'un dieu universel.
« Si Dieu n’existe pas , alors tout est possible », alors comment a-t-on inventé les notions de Bien et de Mal , pourquoi créer des valeurs à suivre ou à combattre ? Si l'on associe le Bien au bon et le Mal au mauvais on retire ainsi toute valeur morale à ces deux mots, on trouverait alors peut être un concordat dans nos pensées au sujet du divin. Du point de vue strictement matériel le bon serait tout ce qui fait diminuer l'entropie et donc à partir d'un désordre parfait on est conduit à l'ordonnancement  de la matière comme pour l'exemple de la cristallisation au cours de laquelle un flux vitreux devient cristal parfait. Parallèlement, la vie humaine ne tenant qu' à un fil, il y a le bon des actions humaines qui renforcerait ce fil, et le mauvais qui pourrait le détruire. Consciemment ou pas, l’humanité s'auto-protège en reconnaissant ce qui est globalement bon pour sa survie et ce qui est mauvais pour elle. Par identification naîtront les notions morales de Bien et de Mal. Nous remarquons ainsi qu'il n'y a pas besoin de penser que ces valeurs sont dues à une référence divine. L'athée et le croyant peuvent rouler sur la même autoroute, ils n'ont simplement pas le même carburant pour avancer. Pour l'un l'incertitude sera une fatalité qu'il faut vite dépasser , pour l'autre l'incertitude sera un vide qu'il conviendra de combler coûte que coûte. Pour les deux le temps qui s'écoule depuis le Bing Bang serait l'occasion d'un présent qui sera vite passé en lui donnant une histoire, et sera bientôt futur dans des projections que lui permettront son intelligence. Il y a donc un inexorable mouvement qui sera erratique au gré des bonnes ou mauvaises actions commises. La physique enseigne que pour qu'il y ait mouvement il faut un gradient. Perdu au milieu des infinis c'est le gradient de notre imperfection qui nous fera jouer sur l'entropie du monde en route vers un équilibre fuyant.

Alors, Dieu est-il une nécessité ? Cette réflexion sans a priori indique qu'il est envisageable de ne pas être obligé de passer par quelque chose de divin pour expliquer nos comportements. Il n'y aurait donc pas de lois immanentes balisant notre chemin. Les règles que nous nous appliquons aujourd'hui seraient le résultat de l'expérience de l'Humanité pour aller vers le mieux pour elle. Mais comment se fait-il que l'immense majorité de la population ne pense pas ainsi ? Cette population est prête à la dévotion voir la soumission afin d'accepter son sort. Inchallah, si Dieu le veut, par la Grâce de Dieu, c'est être prêt à rester une marionnette reliée par des fils invisibles à celui qui peut tout, tout cela pour être sûr de rester dans sa lumière. Cette frileuse attitude est la preuve de l'existence d'une grande peur qui nécessite une croyance a priori . Point de grande peur, mais grande joie car l'amour de Dieu permet naturellement l'amour des autres humains, diront les chrétiens . En théorie, sûrement, mais suffit-il de penser être à l'abri par la bonté divine pour ne pas connaître quelques vicissitudes, quelques péchés ? Les croyants eux-mêmes vont se confesser pour demander un pardon, alors !...Pour les croyants l'évidence de Dieu est une nécessité car ils ne sauraient faire autrement.
Et puis, que la vie n'ait aucun sens ou qu'elle prenne la direction de Dieu ne nous renseignent pas sur son origine. La vie commence avec la naissance du temps mais comment le chronomètre s'est-il déclenché ? Doit-on voir cet instant comme le fruit d'une circonstance aléatoire qui a interrompu le cycle énergie, matière, antimatière, lequel contenait une probabilité d'erreur comme pour tout système ; ou bien doit-on imaginer un Dieu créateur mettant dans un pot tous les ingrédients qui conduiraient un jour à l'existence d'un Homme libre de ses choix pour continuer l'aventure de la création mais aussi en étant capable de contester la réalité divine elle-même ?
À la question posée, mille réponses peuvent être objectivement faites sans qu'aucune ne soit intégralement satisfaisante. Chacun se fera son opinion, mais pas en son âme et conscience car cela serait partisan de le formuler ainsi…..

(1) Révélation divine pour Pascal

(2)  Rien: ce mot serait  contesté par les astrophysiciens qui diraient qu'il y avait une purée de particules élémentaires.  Mais il n'y avait rien de structuré; comme un tas de moellons ne présage pas du type de maison que l'on peut fabriquer avec.

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