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Le coin philo de PG
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  • Diverses réflexions à caractère philosophique de la part d'un non-philosophe, et qui ne sont pas des leçons ! Ce blog de Patrice GOEURIOT contient des textes originaux sur le thème de la philosophie qui demandent l'autorisation de l'auteur pour être cités.
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l'apocalypse est_elle pour demain?

L’apocalypse est-elle pour demain ?
Le monde s’inquiète. Les collapsologues nous invitent déjà à nous préparer à l’effondrement de notre civilisation en se référant à ce qui est arrivé dans un lointain passé pour d’autres civilisations. L’orchestration de l’heuristique de la peur (1) et de l’effet Othello(2) et c’est chacun qui se persuade que l’on court vers notre fin.
Or, de quoi devons-nous avoir peur ?
De la bombe atomique, de la crise climatique ou de nous-même avec notre nouveau désir de se soustraire au négatif ? Nietzsche avait perçu en son temps et de manière prémonitoire que le « dernier homme » devrait être celui dont le bonheur serait d’éliminer le négatif. Or à bien y regarder, que faisons-nous ? Le comportement moyen humain est de sécuriser son périmètre d’existence. Une petite vie pépère, sans relief ni aventure, refusant tout changement et défendant ses acquis, voilà l’aspiration suprême. Bien sûr on fait du sport et l’on mange « bio » pour assurer le coup, mais ce n’est pas pour être plus performant, plus enthousiasmant, ce n’est que pour ne pas grossir et limiter les risques pour sa santé. C’est pour se soustraire à des choses qui nous sont négatives. C’est de l’agitation pas de l’action ! Une certaine prospérité, chèrement gagnée d’ailleurs, a inhibé insidieusement notre esprit positif qui avait pourtant permis cette prospérité. La douceur de la vie ainsi créée a fait abandonner indolemment la notion de souffrance, et l’on a cru alors qu’il s’agissait là du bonheur. La souffrance n’est pas seulement celle de l’auto flagellé qui la recherche, c’est le pôle opposé à celui de la jouissance. L’histoire de la vie humaine montre que la vie se déroule dans une oscillation permanente entre ces deux pôles indissociables et nous n’y pouvons rien, il en est naturellement ainsi. Le bonheur n’est pas dans la non-souffrance, il est dans l’obtention de la jouissance. Le bonheur n’est pas dans une soustraction à quelque chose ; c’est l’addition qui nous fait progresser et par la même progresser l’humanité. Au bilan de ceux qui ne pensent qu’à soustraire, l’ordonnance de Nietzsche est sans appel : « un peu de poison pour se procurer des rêves agréables ». On comprend mieux notre actualité avec la consommation de produits stupéfiants pour noyer inconsciemment la déception de l’option choisie. On comprend mieux notre monde déboussolé, troublé par la drogue et la violence contre un système qui n’est pourtant qu’un bouc-émissaire dans cette affaire. Car le problème c’est bien nous ! Nous, qui refusons le risque en vertu du principe de responsabilité édicté par Hans Jonas et que l’on appelle aujourd’hui le principe de précaution. Ne pas entreprendre si cela pourrait être dangereux pour l’Homme ! Le feu ou l’énergie nucléaire ne deviennent dangereux que par le mauvais génie humain. Il y aurait-il fallu renoncer au feu voilà 350 000ans pour cette raison ? L’histoire de l’humanité aurait été plus brève assurément. Le principe de précaution appliqué à tout ce qui est nouveau est le sabotage de l’humanité aurait certainement dit Nietzsche.
La vision prométhéenne de l’Homme donne du sens à son histoire, l’écologie radicale lui donne quel sens ? Mais pour qu’il y ait sens il faut qu’il y ait mouvement. En refusant le risque on aseptise la vie quotidienne et l’on fige l’homme dans un état qui est un ersatz de bonheur. Mais l’histoire de l’univers est dynamique, il n’y a aucune raison que celle de l’Homme ne soit pas dynamique. L’entropie est la grandeur essentielle de l’univers(3). D’infinie qu’elle était au moment du Bing Bang, elle s’affaiblit par ordonnancement de la matière, du chaos à l’ordre cosmique de Zeus, de l’apeiron vitreux au cristal parfait, l’univers se transforme chaque seconde en direction de l’harmonie, et nous ? Sous peine de disparaître nous devons être aussi en mouvement. Pour qu’il y ait mouvement, il faut qu’il y ait gradient et c’est dans le gradient de notre imperfection que nous pouvons être en mouvement. Refuser le risque pour se soustraire au négatif c’est développer une force opposée à celle induite par le gradient de notre imperfection. Le bilan des forces ainsi pésentes, et non la
bombe atomique ou la crise climatique, nous dira si la vie humaine a une chance de se poursuivre…..
1 On utilise la peur pour convaincre
2 Othello tua sa femme convaincu finalement par les informations (pourtant fausses) infiniment
réitérées à propos de l’infidélité de son épouse.

3 l'entropie, grandeur issue de l'étude des machines à vapeur  et appliquée à l'univers, ne peut que croître par augmentations des états microscopiques du système. Pourtant on peut considérer que l'état totalement désorganisé du chaos a une entropie supérieure à celle de la matière organisée issue du Bing Bang, c'est en ce sens que le mot entropie doit être compris dans ce texte.

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