La démocratie

La démocratie
L'essor de la communication n' a pas fait des citoyens des personnes mieux informées. Pour des raisons diverses - qui ne font pas l'objet de cette réflexion - le vocabulaire d'un individu moyen , malgré la scolarisation faite de plus en plus tôt dans sa jeune vie, est plutôt en déclin. L'usage des mots n'est pas toujours fait selon leur vraie définition. Il en ressort un marécage verbal où s'enlise toute tentative de recherche de vérités.
Si M. Zemmour était un adolescent, il se confondrait certainement avec ceux prédélinquants - qu’il stigmatise pourtant- qui refusent de croire à l’Histoire enseignée par leur professeur. Mme Artaut et M. Poutou, anticapitalistes  que l'on aurait aimer suivre à la fin du XIX et début du XX ième siècle , sont restés aveugles à l'expérience que l'Histoire nous a servie. Non, les hommes ne sont pas mus que par de bons sentiments rousseauistes, et une bonne idée peut se transformer en totalitarisme qui privilégie le système à l'individu pour se pérenniser. Tout ceci entraînant un échec tant économique que politique. Pourquoi oublier le fruit de l’Histoire ?

Pourtant ces trois personnes sont autorisées au nom de la démocratie à pouvoir exprimer - certainement de façon sincère – leur conviction pourtant érronée et trompeuse comme il vient d'être dit. De la démocratie, il en a été souvent question ces derniers temps : les gilets jaunes avec l'antidémocratie dans laquelle nous vivrions, un pays démocratique lésé dans sa souveraineté par un régime autocratique, un président d'un pays démocratique qui encourage la rébellion, des antivac qui considèrent antidémocratiques les conséquences pour ceux qui refusent le vaccin alors que dans le même temps le peuple chinois se range poliment derrière les décisions autoritaires de confinement d'un gouvernement non démocratique.

Que se cache t'il derrière le mot démocratie ?

On voit de suite qu'une confusion se développe. Il est confondu la démocratie institutionnelle avec la pratique démocratique. L'Europe occidentale, les USA, le Japon, l'Inde et quelques autres assez rares sont des pays démocratiques de part leurs institutions qui ont une portée quasi universelle. Ceci peut être affirmé sans aucune contestation et voir des pancartes niant la démocratie en France est une absurdité. Pourtant il peut être discuté de la mise en pratique de cette démocratie et il est tout aussi évident de s'apercevoir que certaines pratiques sont « borderline » avec le concept de démocratie, d'où un sentiment de méfiance. Ainsi, l'équilibre des trois grands pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire est garanti par les constitutions des pays démocratiques. Pourtant dans les faits la séparation entre ces pouvoirs est-elle totalement respectée ? L'évolution des constitutions en France, III et IV ièmes républiques d'une part et V ième d'autre part, montre l'éternel et insoluble conflit entre le principe de conviction et celui de réalité. Par définition l'équilibre est une position mécanique statique. Le régime parlementaire français n'a pas échappé à cette règle et il a conduit au blocage de l'action, pourtant indispensable. Un régime où l'exécutif est favorisé est-il pourtant autant moins démocratique ? Non, sous conditions pratiques. La première de ces conditions est le droit et le devoir de la liberté d'expression, contestation comprise ; car le citoyen doit être informé du bien fondé comme des possibles dérives ou des alternatives au projet exécutif. Le citoyen pourra alors apporter la juste sanction qu'il pense , lors des futures élections . Mais biensur dans ce monde de l'instantanéité, le verdict sera décalé dans le temps et ceci personne ne le supporte plus !
Et puis il y a la mauvaise face des réseaux sociaux, celle de l'intoxication par les « fake news » pas si facile que cela à détecter par le citoyen lambda. Le thermomètre n'est jamais la cause de la maladie ! Les réseaux sociaux sont bien établis, ils trouvent leur raison d'être auprès du public, on peut leur demander de régler leurs algorithmes pour éradiquer le racisme, l'antisémitisme, la pédophilie mais pas pour réguler les idées, ce serait antidémocratique. Régulation par quel sage d'ailleurs ? Ceux à l'image de la STASIS du KGB, de Goebbels ?.....Seule la pluralité assurée de l'information peut adoucir la difficulté sachant qu’il est sûr que des aveugles et des sourds ne se résoudront jamais à changer d’avis.
La démocratie n'est pas un état fondamental, donc stable, acquis à tout jamais. La plupart des jeunes présents dans les meetings de l'extrême droite sont nés après la chute du mur de Berlin. Ils ont baigné dans la démocratie sans même savoir ce qu'elle était et ne sachant pas qu'à portée le totalitarisme avait régné. Ils ne peuvent pas penser qu'ils sont en train de faire entrer le loup dans la bergerie. Une naïveté coupable telle celle qui nous faisait croire que la guerre n'est pas possible en Europe aujourd'hui. L'état le plus dangereusement stable de l'Homme est la facilité, le simplisme et la peur qui nous font nous leurrer par des fausses solutions apportées à de vrais problèmes. Comme l'ont prouvé les avènements du nazisme, du fascisme, on peut perdre rapidement et insidieusement la notion de démocratie et après il faut une guerre pour la retrouver et se faire ouvrir les yeux à nouveau. Avoir la chance de vivre dans une démocratie c'est pouvoir reconnaître que l’on a des droits et des devoirs dont le premier est de ne rien faire pour la perdre et de tout faire pour l'améliorer.

Nous avons trempé le doigt dans différentes confitures que nous avons plus ou moins aimées, mais attention d’être tenté de goûter ce dernier pot, certes vierge, mais qui peut n'être qu'une affreuse mélasse .